Après avoir parcouru plus de 30 000 kilomètre à travers la Bretagne et ses environs, notre arbitre national Gildas Le Corguillé raccroche le sifflet ! En effet, après avoir arbitré 307 matchs de la D5 à la N3, distribué 473 avertissements et exclus 55 joueurs, Gildas met un terme à sa carrière d’arbitre. L’US Chateaugiron tient à remercier son homme en noir pour son investissement au club.

Bonjour Gildas, être arbitre c’est une vocation ? C’est arrivé comment cette envie de prendre le sifflet ?

Originaire de Plélo (22), je suis arrivé sur Rennes en 2004 pour le travail et au foot à Chateaugiron en suivant un collègue de travail. J’étais gardien de but de l’équipe 3 et malheureusement en délicatesse avec mes adducteurs, je ne pouvais plus continuer. Le club était en infraction avec les statuts de l’arbitrage et m’a proposé de me lancer. Je ne m’imaginais pas dans ce rôle car timide et réservé, mais je me suis quand même lancé dans l’aventure.

Peux-tu nous parler de ton parcours personnel et aujourd’hui à quel niveau exerces-tu ?

Examen en poche en décembre 2007, j’ai débuté à Val d’Izé en D4 en janvier 2008, je me souviens que ce jour-là j’avais oublié le ballon dans le vestiaire, je m’en suis aperçu pendant le protocole !

Après 1 an ½ entre la D4 et la D3 j’ai fini major de D3 et suis monté D2, ensuite major de D2 je suis monté D1, major du pôle espoir je suis monté candidat ligue et j’ai obtenu mon billet pour la PH/DRH (classement L3), cela faisait 4 ans que j’arbitrais et j’atteignais mon premier objectif. Les débuts à ce niveau sont perturbés par 2 graves blessures : une pubalgie m’éloignant de tous les sports pendant 6 mois et la saison suivante une déchirure aux ischios jambiers. Ensuite je peux faire 2 saisons pleines, en étant toujours classé L3 puis un déclic, en 3 ans je monte 3 échelons : L2 (DSR-DSE), L1 (R1) puis ARE (Arbitre Régional Elite : N3). En 10 ans d’arbitrage j’ai donc connu 7 montées et 3 maintiens ! Je finis par 2 années au plus haut niveau possible compte tenu de mon âge, la N3 où je me suis vraiment éclaté, c’était top.

Quel est ton meilleur souvenir en tant qu’arbitre ?

La finale de la Coupe de Bretagne, en tant qu’assistant, avec 2 amis, un match fou, 2 expulsions pour le favori qui perd ce match, un derby entre 2 équipes du Finistère, mon ami au centre avait très bien tenu le match.

Quels conseils donnerais-tu à un jeune voulant se lancer dans l’arbitrage ?

Avant tout, qu’il faut être entouré, curieux et bien apprendre les lois du jeu. Ensuite, suivre les conseils issus des observations et se fixer des objectifs sur chaque rencontre pour progresser. Enfin, participer aux différents stages.

Qu’est-ce qu’un bon arbitre ?

Un bon arbitre est avant tout un athlète capable de reproduire les efforts pendant 90’. Ensuite, quelqu’un de courageux, car prendre autant de décisions en 1H30 (en moyenne entre 100 et 150) nécessite bien du courage surtout quand ces décisions peuvent influencer le résultat où doivent se prendre dans des contextes difficiles. Enfin, une capacité à se remettre en question après chaque rencontre. Contrairement à ce qu’on peut entendre régulièrement, les bons arbitres se remettent en question après chaque rencontre, et souvent seul ou parfois grâce à la vidéo aux plus hauts niveaux.

D1 Féminine : EAG – Marseille

On dit que la fonction d’arbitre peut être ingrate et que les joueurs sont parfois agressifs, comment améliorer la relation joueurs/éducateurs et arbitres ? Comment être à la fois respecté et apprécié par les joueurs ?

A nos niveaux amateurs, il faut savoir discuter, expliquer mais malheureusement on reproche souvent aux arbitres d’être fermés alors que ce que j’ai pu constater avec les gens tenant ce discours est qu’ils souhaitaient simplement me dire que j’avais tort et eux raison, ces gens ne veulent pas discuter donc mais simplement contester. Si vous voulez dire à l’arbitre qui était mieux placé dans 99% des cas qu’il avait tort, acceptez aussi qu’il pouvait avoir raison ! Heureusement, certains éducateurs et joueurs ont cette capacité à échanger après une rencontre de façon ouverte et cela peu importe le résultat.

Maintenant, quand le haut de la pyramide sera exemplaire ce sera beaucoup plus facile, mais à ce niveau-là je suis pessimiste.

Enfin, le foot est le reflet de la société, et l’agressivité ressentie envers la personne qui fait appliquer la loi est héritée de la société.

Maintenant que tu arrêtes, tu peux le dire, quelle a été la pire équipe que tu as arbitré ? (au niveau du comportement je précise )

Je vais dériver et parler de 3 très mauvais souvenirs : je suis parti 2 fois d’un stade en pleurant, une fois à St Aubin des Landes, match difficile et ils ont fini par me prendre à parti à la buvette à l’époque où on devait récupérer notre règlement sur place et la deuxième un 5ème tour de Coupe de France, où des joueurs non habitués à la mise en lumière que procure la magie de la coupe et les maillots ont des comportements surprenants, ce jour-là j’ai eu évacuation d’un joueur avec les pompiers, des cartons rouges, une sortie à travers le public local furieux de ma prestation et un entraîneur qui vient forcer l’entrée de mon vestiaire !

Autre match marquant, à la Poterie, avant-dernière journée, match opposant Rennes Espérance qui en cas de victoire accédait à la DRH contre Rennes CPB Foot qui en cas de défaite descendait en D1. 88ème, 2 à 2, un joueur d’Espérance est pris en sandwich dans la surface : carton rouge et penalty, penalty transformé et score final 3 à 2 ! Ce jour là j’ai levé la tête et j’ai vu une bouteille d’eau à moitié pleine être rattrapée in extremis au-dessus de ma tête, ça aurait pu être grave !

Tu t’es beaucoup investi à Chateaugiron, vas-tu rester au club quand même ?

Oui, je souhaite garder une licence dirigeant mais uniquement pour des besoins ponctuels, et je reste disponible pour les arbitres qui ont besoin de conseils, avec grand plaisir.

Sans le sifflet, que vas-tu faire de tes week-end maintenant ?

Profiter de ma femme et de ma fille qui va avoir 18 mois et de toute ma famille. Lire, suivre des formations, apprendre.

Que peut on te souhaiter pour la suite ?

Être en bonne santé est le plus important ! D’être heureux et épanoui.

Un dernier petit message pour le club ?

Je vais remercier les gens qui m’ont formé et soutenu dans ma carrière et ceux qui sont venus me voir sur les terrains : Alain Quenet, Lanig Simon, Michel Rannou, Nicolas Wacogne, Maxime Piriou et Jean-Pierre Demarigny et ses enfants. Il y a aussi Delphin Méril mon premier supporter mais Delphin c’est la famille ALLEZ CHATO

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